In The Shadow

Il courrait, courrait… sans vraiment avoir de direction particulière. Il ne voulait pas s’arrêter, car s’il s’arrêtait, tout s’arrêtait et il ne la reverra plus. Le goût métallique du sang lui transperçait la gorge, qu’il aurait voulu crier de toutes ses forces. Elle ne devait pas l’abandonner, pas ce soir. Ni demain. Ni un autre jour, car elle n’était qu’à lui. A lui tout seul et à personne d’autre. Il courrait, sans s’arrêter toujours. Mais le noir lui engloutissait toute sa vue et il tomba lourdement à cause d’une racine. Son corps frêle roula sur le côté tandis qu’il toucha nerveusement son arcade qui était maintenant en sang. Il manquait maintenant une branche à ses lunettes et le goût âcre dans sa gorge tripla. Il avait envie de crier, d’hurler, de pleuré, mais il arrivait seulement à grogner. Des grognements imperceptibles qui se mélangeaient à ce qui devait être des sanglots. Il s’agenouilla près de son corps frêle et la secoua pour qu’elle reste en vie. Rien. Il réitéra son geste. Une fois. Deux fois. Au bout de la troisième fois il cria son nom. Au début ce n’était qu’un murmure angoissé, comme si il avait peur. Maintenant c’était un cri qui venait des entrailles de son être. Elle n’avait pas le droit. C’était lâche de sa part, et il savait qu’elle n’était pas lâche.

« Ne pars pas » supplia-t-il, des trémolos dans la voix. « Ce n’est pas encore le moment, reste »

Il frôla du bout des doigts son visage amoché par du sang séchés et des bleus violet.

« Je t’aime Lois. Et je t’interdis de partir avant que tu n’es entendu ce que j’ai à te dire ! » ordonna Clark, le regard embué de larme. « Tu sais que je t’aime. Juste avant toi, je ne croyais pas à ces trucs qu’on appelle Âmes sœur, encore moins que ça existait, mais tu es là Lois. Tu es une moitié de mon cœur, la pièce unique de ma vie. Ce soir ça devait être le plus grand moment de notre vie. Tu vois les étoiles ? Et bien elles devaient s’illuminer pour nous. Tu sais ce que ça fait quand deux âmes sœurs s’unissent ? Et bien deux étoiles éloignées l’une de l’autre se rapproche. »

Son regard s’attarda sur les yeux fermés de Lois. On aurait dit qu’elle dormait d’un rêve sans cauchemar. D’un rêve profond. Il embrassa doucement ses cicatrices comme si il voulait l’apaiser du mal qu’elle avait subit.

Ce soir il n’abandonnera pas sa belle. Ni demain soir. Ni les jours d’après.