Souvenir

C’était la nuit. Une nuit où les étoiles n’osaient exister et où la Lune se cachait derrière un épais nuage noir. C’était la nuit, la nuit du désespoir. Les faibles rayons blafards éclaircissaient une pièce abandonnée dont les vitraux étaient brisés en mille morceaux et dont la poussière se logeait dans tous les recoins. C’était une pièce dont la beauté ne s’était essoufflée avec le temps et pourtant elle était abandonnée. Abandonnée comme lui.

Il était là. Et pourtant il savait qu’il n’avait pas sa place ici. Car cette nuit, c’était sa nuit. Sa nuit à elle.

Doucement, il avança, contourna une pile de feuille jaunis par le temps et s’arrêta devant une vieille secrétaire. Il frôla d’un doigt la poussière qui valsait doucement à son passage avant de se reposer délicatement. Sa main descendit automatiquement vers un tiroir. Le tiroir qui contenait le dernier souvenir d’elle. De sa femme. De Faora.

Il ouvrit le tiroir et prit presque religieusement son souvenir. Son dernier et ultime souvenir. Celui qu’elle avait laissé derrière elle avant de partir.

-Pourquoi ? murmura Zod avant de se courber en deux en un hurlement.

Une plainte déchirante qui lui faisait mal. Il avait mal, mal d’elle.

Chaque jour il revoyait son dernier moment avec elle. Des lambeaux de souvenirs flou et imprécis avant de se reformer plus nettement pour ensuite mieux le poignarder de l’intérieur. Ce sentiment de haine lui compressait ce qu’on appelait le cœur. Mais lui, avait-il un cœur ?

Sa vision s’estompa et quelque chose d’humide coula le long de sa joue. Il serrait la fleur que Faora lui avait laissée comme souvenir. Ses larmes, perlaient doucement la fleur de lotus. Et c’est ainsi qu’il se laissa bercer par sa respiration saccadée. Etait-ce dont sa d’aimer ? Etait-ce dont sa qui animait les humains ?

D’abord incrédule, il regarda la fleur qu’il tenait fermement avant qu’une rage sourde l’emporte. Comment pouvait-il ressentir ce genre de chose envers sa traitresse de femme ? Il l’a haïssait de tout son être. Chaque fibre de son corps lui criait sa colère et pourtant à l’intérieur, profondément, il ne voulait qu’elle.

Enervé contre lui, il jeta la fleur qui voletait doucement dans les aires avant de se poser. Plus jamais il ne reviendrait ici. Plus jamais il ne se souviendrait d’elle. Plus jamais il ne touchera la fleur. Sa fleur.